A father with his two children, inside a tent
Première partie : Tendances globales

Déplacements en augmentation

Mareb, Yémen

Ce père vit avec sa famille dans un camp de personnes déplacées à Al-Jalal à Mareb. Il a fut avec sa famille les combats qui avaient éclaté initialement à Al Jawf. Après l’attaque d’Al Jawf, ils ont fui à Mareb. Une équipe sanitaire mobile a récemment découvert que des deux filles souffrent de malnutrition sévère. « Ces cinq années de guerre ont eu de graves conséquences pour nous. Nous sommes fatigués, épuisés par cette situation et ces conditions de vie. S’il n’y avait pas la guerre, nous pourrions être chez nous aujourd’hui. Je ne sais pas comment ou quand mes filles se sont trouvées en situation de malnutrition mais cela est le plus probablement dû à ces conditions de vie difficiles ». UNICEF/Gabreez

La dernière décennie a vu le nombre le plus élevé jamais enregistré de personnes déplacées internes en raison d’un conflit ou d’actes de violence. Environ 79 millions de personnes ont été déplacées entre 2010 et 2019.

Les personnes déplacées internes (IDP) représentent toujours la majorité des personnes fuyant un conflit, la violence et les catastrophes naturelles tandis que des solutions durables restent élusives. Nombre de ces personnes restent déplacées de manière prolongée. Au cours de la seule année 2019, les catastrophes ont provoqué 24,9 millions de nouveaux déplacements et 8,5 millions ont été nouvellement déplacées en raison de conflits et de violence. À la fin de l’année 2019, on estimait à 50,8 millions le nombre de nouvelles personnes déplacées et de personnes déjà déplacées, notamment un chiffre record de 45,7 millions en raison de conflits et de violence. Les chiffres préliminaires indiquent qu'entre janvier et juin 2020, 14,6 millions de nouveaux déplacement ont été enregistrés dans 127 pays et territoires. Les conflits et la violence ont provoqué 4,8 millions de déplacements et les catastrophes en ont déclenché 9,8 millions. La plupart des déplacements dus à des conflits se sont produits en Afrique et au Moyen-Orient et la majorité des déplacements dus à une catastrophe se sont produits en Asie.

Les chiffres de la mi-année pour le Cameroun, le Mozambique, le Niger et la Somalie sont déjà plus élevés que ceux de tout 2019. Le Burkina Faso, la République démocratique du Congo (RDC) et la Syrie ont également enregistré un nombre important de déplacements dus aux conflits. C’est ainsi que le nombre total de déplacements dus à des conflits pour 2020 sera probablement plus élevé que celui de 2019.

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Nouveaux déplacements internes (2019)

Le nombre de réfugiés a doublé de 10 millions en 2010 à 20,4 millions en 2019. Plus des deux-tiers des déplacements transfrontaliers à la fin de l’année provenaient de cinq pays : l’Afghanistan, le Myanmar, le Soudan du Sud, la Syrie et le Venezuela. Les pays en développement abritent 85 % des réfugiés. Avec la complexité et la durée croissantes des crises, moins de refugiés peuvent retourner chez eux. Seulement 3,9 millions de réfugiés sont retournés entre 2010 et 2019 par rapport à près de 10 millions durant la décennie précédente.

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Personnes déplacées de force (2010-2019)

Les personnes déplacées et les réfugiés sont particulièrement vulnérables au COVID-19 et à ses effets secondaires. Le risque de flambées de COVID-19 demeure réel dans les camps ou les situations assimilées. Cette vulnérabilité est due à la situation de surpeuplement et à l'accès limité à l'eau, à l'assainissement et à des installations sanitaires. Les restrictions de mouvement ont fait obstacle aux retours volontaires ou à la sortie de zones dangereuses et les demandeurs d’asile sont confrontés à des défis particuliers alors que les procédures d’asile ont été rendues inaccessibles dans certains pays. La stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes déplacées de force sont en augmentation. Les risque accrus de protection auxquels sont confrontés les réfugiés et les personnes déplacées en temps habituel ont été exacerbés par la COVID-19, en particulier pour les femmes et les filles. L’Indice de risque INFORM COVID-19 indique que 6 des 10 pays les plus à risque de COVID-19 abritent une population combinée de 17,7 millions de personnes déplacées.

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Personnes déplacées de force par des conflits et des catastrophes naturelles (2019)

Les impacts directs de la COVID-19 sur la santé seront éclipsés par ses impacts indirects. Ces impacts sont les perturbations des campagnes de vaccination et des services de santé essentiels, la montée de l’insécurité alimentaire et les retombées économiques, devant toucher particulièrement fort les personnes déplacées de force en privant nombre d’entre elles de leurs moyens de subsistance, surtout dans l’économie informelle. Selon une enquête effectuée sur les personnes déplacées et les réfugiés dans 14 pays, 77 % d’entre elles avaient perdu un emploi ou des revenus depuis mars 2020, 71 % ont déclaré avoir des difficultés à payer leur loyer ou d’autres coûts de logement basiques (nombre d’entre elles avaient été expulsées) et 70 % avaient réduit le nombre de repas de leur ménage.

La vulnérabilité à la COVID-19 des personnes déplacées de force nécessite leur inclusion dans les réponses nationales à la COVID-19, une focalisation accrue des efforts de prise en compte de la violence sexiste des populations déplacées, du plaidoyer contre la stigmatisation et la discrimination et l'arrêt des retours forcés dans les lieux d'origine dangereux.

Plus important encore, la COVID-19 renforce l’impératif dprogresser vers des solutions durables pour les personnes déplacées de force, et susceptibles de réduire les vulnérabilités sous-jacentes. Le Groupe de travail de haut niveau du Secrétaire général des Nations unies sur les déplacements internes, qui a tenu sa première réunion en février 2020, est chargé de formuler au Secrétaire général des recommandations innovantes et concrètes à l’intention des États membres, des Nations unies, des ONG et d’autres parties prenantes afin de mieux prévenir, répondre et appliquer des solutions aux déplacements internes. Le rapport du Groupe de travail est prévu pour septembre 2021.

Notes

  1. IDMC, Rapport mondial sur les déplacements internes, avril 2020, p. 11. Cinq pays – Afghanistan, Colombie, RDC, Syrie et Yémen – comtaient plus de la moitié du total des personnes déplacées par des conflits ou la violence.
  2. IDMC, Rapport mondial sur les déplacements internes, avril 2020, p. 1.
  3. Centre de suivi des déplacements internes, Mise à jour des déplacements internes à la mi-2020 :23 septembre 2020.
  4. Centre de suivi des déplacements internes, Mise à jour des déplacements internes à la mi-2020 :23 septembre 2020.
  5. Chiffres bases sur les tendances mondiales du HCR : déplacements forcés en 2019, et ne reflètent pas les quelque 5 millions de réfugiés palestiniens sous mandat de l’UNRWA.
  6. UNHCR, Tendances mondiales des déplacements internes en 2019, 18 juin 2020, p. 22. Les trois pays les plus courants d’asile ont accueilli des personnes provenant exclusivement d’un seul pays : la Turquie avec 3,6 millions de Syriens ; la Colombie avec 1,8 million de Vénézueliens ; et le Pakistan avec 1,4 million d’Afghans.
  7. UNHCR, Tendances mondiales des déplacements forcés ein 2019, 18 juin 2020, pp. 11—12.
  8. Secrétaire général des Nations unies, Note de politique: COVID-19 et personnes en déplacement, juin 2020, p. 11.
  9. L’indice des risques INFORM COVID-19 identifie les pays à risque d’impacts sanitaire et humanitaire de la COVID-19 qui pourraient surmonter la capacité de la réponse nationale et avoir donc besoin d’une assistance international supplémentaire.
  10. Secrétaire général des Nations unies, Note de politique: COVID-19 et personnes en déplacement, juin 2020, p. 11.
  11. Conseil norvégien pour les réfugiés, Downward Spiral: The economic impact of COVID-19 on refugees and displaced people September 2020
  12. OIM, Impact de la COVID-19 sur les migrants bloqués, 30 septembre 2020 ; OIM, Dossier d’information : COVID-19 et migrants bloqués, 2 juin 2020, p. 1. ; OCHA, Plan mondial de réponse humanitaire, Mise à jour de juillet 2020.
  13. OIM, Aperçu des restrictions de mobilité dans le monde, 28 septembre 2020