A humanitarian worker talks to a young woman
Troisième partie : Mieux servir

Égalité des Genres et Prévention de la Violence Sexiste

Komsilga, Burkina Faso

Une femme du village de Komsilga contribue à sensibiliser la population aux mutilations génitales féminines dans sa communauté, avec le soutien de l'UNFPA. . Malgré l'interdiction nationale des mutilations génitales féminines, l’emprise de la tradition est si forte que les mutilations génitales féminines continuent d'être pratiquées clandestinement, dans des conditions insalubres et sont une cause majeure de décès et d'incapacité chez les femmes et les jeunes. UNFPA/Aurélia Rusek

Des progrès ont été réalisés dans l'élaboration de cadres normatifs et d'orientations pratiques, qui incluent désormais une analyse sexospécifique plus solide dans les évaluations et la programmation humanitaires.

(voir également la section sur la Protection contre l’exploitation et les abus sexuels)

Conseils, rapports et évaluation

La toute première évaluation humanitaire interinstitutions (IAHE) sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles (GEEWG) s'est achevée en 2020. Cette évaluation a souligné la nécessité de continuer à s'intéresser à l'analyse sexospécifique et à l'analyse de données ventilées par âge et par sexe dans les HRP, en s'appuyant sur les progrès considérables déjà signalés ces dernières années. La participation des femmes a certes augmenté mais il est nécessaire de redoubler d’efforts, à l’échelle du système, pour promouvoir la participation et la prise de décisions significatives des femmes et des filles et des organisations locales dirigées par des femmes.

Les rapports annuels aident à identifier les domaines d'investissement supplémentaires pour faire progresser l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles. Cela est devenu évident depuis l'adoption de la Politique de l’IASC sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles (GEEWG) et du Cadre de responsabilité du genre qui l'accompagne en 2017.

La feuille de route 2021-2025 de l’Appel à l’action pour la protection contre la violence sexiste dans les situations d’urgence pour prévenir, atténuer et répondre collectivement à la violence sexiste a été lancée le 25 septembre 2020 (voir encadré).

Entre mars et juin 2020, la réponse à la COVID-19 a provoqué une série d'analyses et d'évaluations sexospécifiques, alors que les humanitaires ajustaient leur programmation et préparaient des orientations pour aider les intervenants pendant la pandémie. La Fédération luthérienne mondiale Kenya-Somalie a commandé une Évaluation de l'impact sur le genre pour établir les impacts de son programme et pour comprendre si l'organisation avait perpétué par inadvertance le statu quo et les inégalités de pouvoir. CARE a mené des analyses rapides du genre (RGA) dans plus de 40 pays, souvent avec un partenaire des Nations unies. Les Analyses rapides du genre (RGA) ont alimenté un rapport de synthèse intitulé « Elle nous l'a dit » qui a aidé à illustrer les impacts sexospécifiques de la pandémie et la différence entre les priorités des hommes et des femmes.

Les groupes d'action humanitaire sur le genre (GIHA), y compris le GIHA Asie-Pacifique, ont été parmi les premiers réseaux sur le genre à produire un plaidoyer sur l'impact de la COVID-19 sur les femmes et les filles.

Ensemble, les Normes minimales interinstitutions sur la violence sexiste, les Lignes directrices pour l'identification et l'atténuation des risques de violence sexiste dans le cadre de la réponse à la COVID-19 , l'Alerte de genre pour la COVID-19 et les Lignes directrices de l’IASC sur l'inclusion des personnes handicapées dans l'action humanitaire complètent le Manuel sur le genre de l’IASG. Ces outils aident les humanitaires à intégrer des considérations sexospécifiques, à répondre aux besoins des femmes et des filles ainsi que des hommes et des garçons handicapés, et à lutter contre la violence sexiste qui reste l'une des expressions les plus répandues de l'inégalité entre les sexes.

Intégration de l’analyse sexospécifique

Le Cycle de programme humanitaire (HPC) amélioré, déployé en 2019, place l'inclusivité au cœur de l'analyse des besoins et des réponses, en mettant l'accent sur l'inclusion du genre et du handicap. Il aide à nuancer la compréhension des impacts et des expériences des différents segments de la population affectée. Le HPC amélioré encourage les équipes pays à renforcer l'analyse sexospécifique et une programmation sensible au genre. Il promeut un engagement accru des experts en genre dans le processus du HPC, une utilisation accrue des données ventilées par sexe et par âge et une plus grande participation des organisations féminines locales à la planification humanitaire. Le HPC amélioré guide également les équipes pays dans leur examen des variables structurelles et socio-économiques qui influencent la façon dont les femmes, les filles, les hommes et les garçons vivent les crises, ainsi que leur accès à l'assistance humanitaire et à la prise de décision.

Grâce à des examens continus de la qualité des HNO et des HRP, et à des « plongées profondes » sur la manière dont les questions d'égalité des sexes ont été intégrées dans la programmation, la qualité des HNO et des HRP s'est améliorée, en particulier au niveau de la collecte et de l'analyse de données ventilées par sexe et par âge. Depuis 2015, OCHA, en partenariat avec certaines agences des Nations Unies et des bailleurs de fonds, a entrepris une notation de la qualité du HPC (HPC Quality Scoring), un examen de la qualité des HNO et des HRP qui était l'indicateur le moins bien noté. Les performances par rapport aux indicateurs sexospécifiques se sont régulièrement améliorées et, en 2020, le score moyen pour le genre était de 90 %.

Plus de 10 000 projets ont utilisé le marqueur Genre et âge de l'IASC pour renforcer la conception et le suivi de programmes humanitaires sensibles au genre et à l'âge (voir aussi la section sur les Fonds commun et les urgences humanitaires)

Soutien opérationnel et financier

Le projet GenCap (Gender Standby Capacity) interinstitutions apporte un soutien stratégique et opérationnel au leadership de la coordination humanitaire en contribuant à placer l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes au centre de l'action humanitaire. Travaillant selon les piliers des programmes de leadership, GenCap renforce les résultats et les responsabilités en matière de genre. En 2020, les conseillers principaux en genre de GenCap ont soutenu des opérations dans les pays du monde entier, notamment au Cameroun, en Colombie, en Haïti, au Mali, au Mozambique, au Niger, en RDC, en Somalie, en Syrie, au Tchad, au Yémen et au Zimbabwe.

Les efforts de financement humanitaire pour combler les déficits de financement sont priorisés mais souvent pas assez rapidement pour répondre aux besoins croissants. Cela comprend le suivi des progrès des promesses financières et autres engagements pris dans le cadre de la Conférence d'Oslo sur la fin de la violence sexuelle et sexiste dans les crises humanitaires. En 2020, le CERF a alloué plus de 60 millions de dollars à des programmes axés sur la violence sexiste (pour plus de détails, voir Fonds communs et urgences humanitaires).

Perspectives

Malgré ces progrès, il reste encore à faire pour lutter contre les inégalités entre les sexes et les besoins et les obstacles sexospécifiques pour accéder aux services essentiels dans tous les secteurs. Il est particulièrement important de renforcer la coordination, l'intégration et la responsabilité conjointe pour inclure des moyens de prévenir, d'atténuer et de répondre à la violence sexiste dans tous les secteurs. Plus précisément, la réponse aux besoins des filles en matière de violence sexiste nécessite une approche holistique adaptée comprenant des interventions dans les domaines de la protection, de l'éducation et de la santé sexuelle et reproductive.

La lutte contre les inégalités entre les sexes et les besoins sexospécifiques commence par une solide analyse sexospécifique examinant comment le genre interagit avec une multitude d'autres facteurs tels que l'âge, la race, le handicap, l'appartenance ethnique, l'identité et l'orientation sexuelles et la religion. Les analyses sexospécifiques doivent également être fondées sur des données à la fois quantitatives et qualitatives incluant les consultations avec toutes les populations touchées, en particulier les femmes et les filles, et les disparités de pouvoir relatives entre les différentes sous-populations.

Une telle analyse aide à façonner la manière dont les différents individus et groupes vivent une crise et comment ces facteurs aggravent les vulnérabilités et exacerbent les risques de protection, y compris la violence sexiste. Une meilleure analyse sexospécifique aidera également à dresser le profil des groupes de population marginalisés et à fournir des données humanitaires sur des questions telles que le mariage des enfants ou les besoins spécifiques des adolescentes. Une plus grande prise en compte de l'âge, par exemple, empêcherait les adolescentes plus jeunes et plus âgées d’être victimes des lacunes des évaluations des besoins humanitaires et des plans d'intervention dans des groupes démographiques tels que « les femmes » et « les enfants ». La volonté politique, le financement, les ressources et la capacité technique sont nécessaires pour lutter contre les inégalités entre les sexes. Un financement est aussi particulièrement nécessaire pour intensifier et maintenir les services essentiels pour les victimes de violence sexiste dans les situations humanitaires.

Notes

  1. Les indicateurs sexospécifiques dans le HPC Quality Scoring examinent dans quelle mesure les HNO ont intégré une dimension sexospécifique ; les indicateurs indiquent notamment si le nombre des personnes dans le besoin (PiN) est ventilé de manière à refléter les groupes de population, si l'analyse présente les capacités existantes et les mécanismes d'adaptation pour les groupes suivants, les obstacles à l'accès et si l'analyse explique les facteurs pouvant contribuer ou contribuant à un risque accru.