A mother and her six children wait in a room
Deuxième partie : Appels coordonnés inter-organisations

Amérique Latine et Caraïbes

Tukuko, Venezuela

Des mères Yukpa attendent un dépistage nutritionnel par la Croix-Rouge vénézuélienne. Les autochtones Yukpa appartiennent à une tribu binationale qui vie des deux côtés de la frontière entre le Venezuela et la Colombie et sont près de 10 000. La Croix-Rouge vénézuélienne est un partenaire d’exécution de projets du HCR dans la région. OCHA/Gemma Cortés

L’Amérique latine et les Caraïbes sont affligées depuis longtemps par de nombreux défis humanitaires tels que les catastrophes naturelles récurrentes, l’extrême pauvreté, la violence extrême, une insécurité alimentaire aiguë chronique et des déplacements généralisés. Ces défis ont permis à la pandémie COVID-19 de s’ancrer dans la région, qui est devenue l’épicentre mondial de la maladie une grande partie de l’année 2020. Des conséquences multidimensionnelles, sociales et humanitaires paralysantes se feront sentir pendant des années, voire des décennies.

Indépendamment de la pandémie, les connues vulnérabilités climatiques de la région ont été exposées à des impacts historiques tout au long de l’année 2020. En mai, selon les prévisions, la saison des ouragans atlantiques devait produire 15 à 19 tempêtes nommées. Or, elle a dépassé tous les records à ce jour avec 30 tempêtes devenant à présent la saison d’ouragans la plus active jamais enregistrée. Le seul mois de novembre a enregistré 4 tempêtes Eta et Iota se sont rapidement succédé en Amérique centrale affectant plus de 4,5 millions de personnes suite à des inondations étendues sur neuf pays entre le sud-est du Mexique et le nord de la Colombie. Cette augmentation est due en partie au schéma climatique de La Niña qui augmente le nombre de tempêtes dans le bassin atlantique et provoque d’intenses sécheresses et une forte chaleur. Ce schéma entraîne des températures record et des incendies dans certaines parties de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil et du Paraguay qui ont ravagé des millions d’hectares.

Ces chocs climatiques récurrents, tels que la sécheresse saisonnière en Amérique centrale et dans les Caraïbes et les crues de nombreux cours d’eau en Amérique du Sud, contribuent à un difficile ensemble de besoins souvent liés. L’insécurité alimentaire est passée de 22,9 % en 2014 à 41,7 % en 2019 et a plongé 203,3 millions de personnes en insécurité alimentaire modérée ou sévère. Il s’agir de l'augmentation la plus rapide dans le monde en raison de l’insécurité alimentaire persistante en Amérique centrale, en particulier dans les pays du nord: Le Salvador, le Guatemala et le Honduras ainsi qu’une insécurité alimentaire montante en Amérique du Sud. Dans les zones rurales, e nombre de Haïtiens confrontée à une sévère insécurité alimentaire aiguë est passé de 2,6 millions (2019) à 3,1 millions de personnes (2020). Sur ce nombre, 1,2 million de personnes sont confrontées à des niveaux d’urgence de faim. Selon les prévisions d’une analyse IPC, effectuée en août 2020, entre mars et juin 2021, 4,4 millions de personnes (46 % de la population analysée) auront besoin d’assistance humanitaire.

Outre l’insécurité alimentaire, les pays du nord de l'Amérique centrale se caractérisent également par une violence chronique, les inégalités, l'affaiblissement des institutions et l’instabilité socio-politique qui restent des facteurs des déplacements massif à l’intérieur des frontières. Le Centre de Suivi des Déplacements Internes cite plus de 940 000 déplacés internes dus à la violence au sein du nord de l'Amérique centrale et à travers les frontières. Les mesures de confinement et les fermetures de frontières imposées par la COVID-19 ont entraîné des diminutions de la violence et des déplacements qui ont été salués, cependant ces indicateurs se réfèrent aux niveaux antérieurs à la pandémie suite aux ouvertures des frontières et la levée des mesures de confinement. L’United States Customs and Border Protection (Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis) fait observer que les arrestations en septembre 2020 à la frontière États-Unis-Mexique avaient déjà dépassé les chiffres remontant à 2015, révélant des mouvements renouvelés depuis le nord de l’Amérique centrale vers les États-Unis.

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Amérique Latine et Caraïbes : Aperçu des appels (2021)

En Amérique du Sud, la pandémie à asséché les économies informelles en réduisant les moyens de subsistance et l’accès à la nourriture et en augmentant les risques de protection. Elle a aussi déclenché un reflux vers le Venezuela qui a enregistré des milliers de personnes revenant dans leur pays d’origine. Ils traversent souvent clandestinement les frontières avec des besoins accrus et moins d’options d’assistance de la part des services surchargés des pays d’accueil et de transit au profit de leur propre population et des plus de 4 millions de Vénézuéliens dans tous les pays d'accueil sud-américains. Malgré les efforts considérables des instituions et l'approche coordonnée de la pandémie, les besoins humanitaires persistent dans certaines parties de la Colombie en raison des conflits armés, des catastrophes naturelles et de l’afflux de migrations mixtes en provenance du Venezuela.

Les vulnérabilités existantes de la région, avant et durant la pandémie, sont encore compliquées par les cycles de bouleversements sociaux. Des pays comme l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, l’Équateur et le Pérou ont été le théâtre de manifestations de masse et de violence contre les mesures de confinement imposées par la COVID-19 ; la négligence perçue du gouvernement ou les allégations de corruption dans la réponse à la COVID-19 ; les tensions électorales ; et les inégalités et l'impopularité de la réforme. Les manifestations ont provoqué des abus des droits, des dizaines de blessures et, dans certains cas, des décès.

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Évolution des personnes dans le besoin (2020 vs. 2021)

L’année 2021 nécessitera indubitablement une plus forte concentration des efforts d’adaptation de la réponse humanitaire compte tenu des effets à long-terme de la pandémie sur les différentes crises dans la région. La Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes prévoit que 231 millions des 656 millions d’habitants dans la région seront en situation de pauvreté au début de l’année 2021 – des niveaux de pauvreté jamais vus depuis 2005. L’impact étendu des économies déprimées provoquera d’autres migrations, insécurités alimentaires et soucis de santé et de protection qui viendront s’ajouter aux fortes vulnérabilités aux catastrophes naturelles, aux pressions exercées sur les dispositifs de protection gouvernementaux et à l'aggravation potentielle des tensions sociopolitiques.

Colombie

HRP
Personnes dans le besoin
6,7 millions
Personnes ciblées
1,5 millions
Besoins (US$)
300 millions
Population totale
50,9 millions
Niveau de revenu
Intermédiaire-supérieur
INFORM Severity Index
4.2 / Très élevé
Appels consécutifs
2020 – 2021
Personnes bénéficiaires (2020)
1,2 million

Analyse du contexte, de la crise et des besoins

La pandémie de COVID-19 a considérablement affecté les populations les plus vulnérables en Colombie, en aggravant- l’impact de la violence et de la dynamique de la pauvreté, des catastrophes naturelles et des importants mouvements de migrations mixtes. Il en a résulté que le nombre de personnes dans le besoin a augmenté de 5,1 millions en 2019 à 6,7 millions à la fin de l’année 2020.

Plus de 1 million de cas de COVID-19 et plus de 31 500 décès ont été rapportés en novembre. Bien que les mesures strictes et les efforts de réponse du gouvernement aient réussi à atténuer les pressions exercées sur le système de santé, ils n’ont pas empêché la propagation de la maladie. Les six mois de mesures restrictives ont eu des importantes conséquences socioéconomiques. Le chômage a augmenté de 56 %, la pauvreté monétaire a atteint environs 49% et l’extrême pauvreté 14% dans le pays. Malgré l’augmentation rapide des programmes de filets sociaux par les autorités nationales, l'insécurité alimentaire a considérablement augmenté ; 3,5 millions de Colombiens sont estimés se trouver dans une situation d'insécurité alimentaire sévère et avoir besoin d'une assistance vitale.

Les taux de mortalité maternelle et des enfants âgés de moins de 5 est en augmentation et, la fermeture d’établissements éducatifs en raison de la COVID-19 a déscolarisé 10 millions d’enfants, y compris des enfants réfugiés et migrants, pour la moitié de l’année Cette situation aura un impact durable sur la jeunesse. En conséquence indirecte, le recrutement forcé de mineur a augmenté de 113 % en 2020. Les femmes et les filles ont été affectées de manière disproportionnée par l’insécurité alimentaire et la perte d’emplois entre autres.

Malgré l’accord final de 2016 mettant fin au conflit et initiant une période de soulagement inconnu depuis des décennies, des dispositifs explosifs improvisés, des déplacements, des attaques générales contre la population et les infrastructures civiles se produisent régulièrement. À certains endroits, des groupes armés ont profité de la situation créée par la pandémie pour étendre leur présence territoriale en provoquant des hostilités et un contrôle accru sur les communautés. Au cours de la deuxième moitié de l'année, le pays a enregistré une augmentation des exécutions, des confinements forcés, des restrictions d’accès, des VBG, du recrutement forcé de mineurs et des contaminations d’engins explosifs qui ont aggravé les besoins de protection. Les enfants, les jeunes et les femmes, ainsi que les Afro-Colombiens et les communautés autochtones ont été affectés de manière disproportionnée.

Situation prévue en 2021 et au-delà

La situation humanitaire dans le pays devrait rester critique en 2021. Avec la persistance de la pauvreté rurale, des inégalités, des conflits fonciers et de la présence étendue de cultures illicites, la violence armée devrait persister dans le pays. Les hostilités devraient rester sévères dans les zones rurales et éloignées exacerbant les risques de protection et les besoins vitaux.

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Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2020 – 2021)

La pandémie continuera de représenter un risque pour les populations rurales et les plus vulnérables, là où les capacité de prévention et réponse, et souvent d’accès restent limitées. La réduction des prix de produits de base mondiaux exportés par la Colombie ainsi que son impact sur des secteurs aussi cruciaux que le tourisme retardera probablement le relèvement économique. La sécurité alimentaire risque de se détériorer davantage en raison de la perte de la perte de revenus et moyens de subsistance de la part des populations. Par ailleurs, les effets directs de la pandémie sur les systèmes de santé vont probablement alourdir les capacités sanitaires du pays en particulier dans les zones rurales. La diminution du financement humanitaire et le dépassement des capacités opérationnelles et budgétaires des administrations locales risquent de limiter la capacité de réponse.

Priorités de la réponse en 2021

En novembre, les acteurs humanitaires ont complété la réponse du gouvernement en fournissant une assistance à plus de 1,2 million de personnes. Sur ce nombre, 940 000 personnes dans tout le pays ont reçu une assistance pour l'impact de la COVID-19 avec un accent particulier sur les victimes de VBG. Les colombiens les plus vulnérables affectés par la violence armée et les catastrophes naturelles – en particulier les autochtones et les communautés afro-colombiennes - ont également reçu une assistance vitale dans le cadre du Plan de réponse humanitaire,

Mais les agences des Nations unies et leurs partenaires continuent d’être confrontés à des restrictions d’accès et font l’objet d’obstructions et de menaces directes de groupes armés. Au moins 242 attaques de missions médicales et de travailleurs de la santé ont été enregistrées au cours des neuf premiers mois de 2020, soit une augmentation de 63 % par rapport à l’année précédente. Le financement limité du Plan pour la réponse COVID-19 et du HRP également freiné les efforts de réponse.

En 2021, la réponse humanitaire en Colombie sera axée sur les communautés de zones rurales éloignées présentant des taux de morbidité/mortalité élevés, des hostilités, des capacités d’adaptation insuffisantes et pour lesquelles l'impact des catastrophes naturelles, des afflux de migrations mixtes et de la pandémie est disproportionnellement sévère. Les acteurs humanitaires chercheront à fournir une réponse multisectorielle plus intégrée, à protéger et à sauver des vies par l’assistance et la protection humanitaires et à contribuer à des solutions durables en suivant une approche différenciée de protection et de genre. Ils s’engageront davantage dans les mesures de prévention et de préparation aux catastrophes. Le renforcement des mécanismes de réponse rapide dans les territoires les plus affectés sera également prioritaire.

Informations complémentaires

Haïti

HRP
Personnes dans le besoin
4,4 millions
Personnes ciblées
1,5 millions
Besoins (US$)
235,6 millions
Population totale
11,4 millions
Niveau de revenu
Faible
INFORM Severity Index
3.5 / Élevé
Appels consécutifs
2010 – 2021
Personnes bénéficiaires (2020)
1,4 million

Analyse du contexte, de la crise et des besoins

Haïti fait face à des défis sociopolitiques et économiques récurrents depuis plusieurs décennies. Ces défis découlent pour la plupart de problèmes structurels profond et le pays est fortement enclin à des catastrophes naturelles et aux effets du changement climatique. En 2020, Haïti a souffert encore plus à cause de la pandémie de COVID-19. Le nombre confirmé de cas et de décès reste relativement faible par rapport à d’autres pays de la région mais les conséquences secondaires de la pandémie ont eu un impact sur les services essentiels et ont augmenté le risque de violence et de stigmatisation.

La situation économique du pays s’est encore détériorée en 2020, en lien étroit avec la valeur de la monnaie locale et aux conséquences de la pandémie. La croissance économique devrait décliner de 3,1 % en 2021 en raison de la contraction du secteur des services, de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et l’entrée en récession de l’économie mondiale. Le déficit fiscal devrait s’élargir pour passer plus de 6 % du PIB (par rapport aux prévisions de 3 % avant la COVID-19) et l’inflation devrait être supérieure à 20 %.

Une recrudescence de la violence des gangs a déplacé des centaines de familles. À la fin du mois d’août, la tempête tropicale Laura a provoqué des inondations dans plusieurs départements qui ont directement affecté environ 8800 familles. La diminution globale des personnes en besoin de 4,6 à 4,4 millions est essentiellement associée au fait que plus d’un million de personnes en situation d’insécurité alimentaire en 2020 ont bénéficié d’assistance. L’insécurité alimentaire, la santé, l’éducation, l’accès à l’eau et la protection ont été les secteurs les plus affectés en 2020. Cela en raison des conditions climatiques, économiques et politiques adverses et des contraintes d’accès dues à la pandémie et à l'aggravation de l’insécurité. L’analyse de l’IPC effectuée en août 2020 a estimé que 4 millions souffrent actuellement d’une insécurité alimentaire aiguë (phases 3 et 4).

Situation prévue en 2021 et au-delà

Le paysage humanitaire en Haïti en 2021 dépendra largement de l’évolution de la situation politique et socioéconomique du pays qui pourrait affecter davantage l’accès à des services essentiels et l’impact sur les personnes les plus vulnérables. Le risque de violence en raison des élections législatives l’année prochaine doit être pris en considération. La violence des gangs, la corruption, l’impunité, la pauvreté, l’inégalité de genre, l’accès limité à des services de base et le grave épuisement des ressources naturelles resteront à la racine des crises politiques et socioéconomiques récurrentes. Toute urgence soudaine (ouragan, tremblement de terre) ou tout impact climatique (par exemple, la sécheresse) représentera une menace pour les efforts de relèvement de Haïti.

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Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)

En 2021, environ 4.4 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire. Les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes déplacées et celles vivant dans des zones rurales souffriront probablement des conditions de vie de plus en plus difficiles. Les changements et leurs effets associés sur les personnes devraient se poursuivre au-delà de 2021 dans la mesure où les tendances révèlent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, de violence et de déplacements. Le HRP sera révisé pour reflêter les possibles changements pour 2022.

Priorités de la réponse en 2021

En 2020, on estime que 1,4 million le nombre de personnes ayant reçu une assistance humanitaire – 61 % de la population ciblée. L’assistance en matière de sécurité alimentaire a permis aux populations de maintenir leurs moyens de subsistance. L’impact sanitaire de la pandémie a été largement contenu en raison des efforts conjoints de tous les partenaires dans leur soutien aux autorités haïtiennes. Malgré de nombreuses difficultés, des milliers de personnes ont continué à bénéficier de services essentiels, même si leur accès était limité.

L’insécurité, le mauvais état des routes et les contraintes logistiques liées à la COVID-19 ont fait obstacle à l’accès physiques aux populations affectées. Les défis de coordination préexistants ont été encore aggravés par l’incapacité des partenaires et des parties prenantes de rencontrer les bénéficiaires en personne et les fréquentes interruptions de l’électricité et des réseaux.

Environ 1,5 million de personnes sur les 4,4 millions ayant besoin d’assistance humanitaire seront ciblées en 2021. Ce nombre inclut toutes les personnes en phase 4 de l’IPC et les populations les plus vulnérables dans 65 (sur 140) communes priorisées dans le HRP.

La HCT a identifié quatre orientations stratégiques pour la réponse sur les deux prochaines années :

  1. Réduction des vulnérabilités aiguës et renforcement de la résilience grâce aux efforts conjoints des acteurs humanitaires et du développement en raison de la nature structurelle des besoins humanitaires en Haïti.
  2. Renforcement des capacités des personnes à répondre à leurs besoins basiques en renforçant l’accès aux services, en améliorant la sécurité alimentaire et en réduisant la mortalité et la morbidité dues à des maladies évitables.
  3. Renforcement de l’obligation de rendre compte aux populations affectées, en particulier les groupes les plus vulnérables en renforçant leur accès à des services de protection, en les engageant dans toutes les phases de la réponse et en augmentant leur autosuffisance.
  4. Renforcement de la préparation et de la réponse aux situations d’urgence pour rétablir l’accès aux services et à l’autonomie à la suite d’une catastrophe et contribuer à l’autonomisation des institutions et de la société civile.

Les vulnérabilités aiguës ont augmenté ces dernières années en raison de la combinaison des crises sociopolitiques et des chocs. Les besoins financiers ont légèrement diminué malgré tout par rapport à ceux de 2019. Cette diminution est essentiellement due à l’engagement de mieux prioriser les interventions humanitaires et de renforcer le partenariat avec les acteurs du développement dans le cadre du nexus.

Informations complémentaires

Venezuela

HRP
Personnes dans le besoin
7 millions
Personnes ciblées
4,5 millions
Besoins (US$)
762,5 millions
Population totale
28,7 millions
Niveau de revenu
Intermédiaire-supérieur
INFORM Severity Index
4.1 / Très élevé
Appels consécutifs
2019 – 2021
Personnes bénéficiaires (2020)
4,0 millions

Analyse du contexte, de la crise et des besoins

Sept années consécutives de contraction économique, d’épisodes d’hyperinflation, de polarisation politique et de défis institutionnels ont été les principaux facteurs des besoins humanitaires au Venezuela. On estime que l’économie s’est contractée de 74 % depuis 2013 en entraînant une diminution des dépenses publiques et en affectant la fourniture de services essentiels. Les revenus, l’épargne et le pouvoir d’achat des populations ont été également très affectés.

Au début de l’année 2020, la situation humanitaire semblait se stabiliser. Une série de mesures de libéralisation de l’économie ont accordé un répit à l’économie et ont aidé à contenir l’inflation. L’augmentation des envois de fonds a constitué une bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes et la réponse humanitaire a contribué à prendre en charge certains des besoins les plus aigus. Cette tendance a été inversée par la COVID-19 et aggravée par la montée des coûts des articles alimentaires et non-alimentaires essentiels, la baisse des envois de fond et la baisse des prix mondiaux du pétrole. Les épreuves ont augmenté pour les personnes vulnérables et de nouveaux besoins ont émergé.

La sécurité alimentaire et la nutrition demeure une préoccupation essentielle. En 2019, une évaluation du PAM a estimé que 2,3 millions de vénézuéliens étaient dans une situation d’insécurité alimentaire sévère et 7 dans une situation d’insécurité alimentaire modérée. Le taux de sous-alimentation a augmenté de 2,5 % en 2010-2012 à 31,4 % en 2017-2019. Selon les données du gouvernement, les taux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants âgés de moins 5 étaient de 4 % en 2019 et 10 % de plus étaient exposés à ce risque.

Suite à la confirmation des premiers cas de COVID-19, les autorités ont rapidement mis en place des mesures de quarantaine qui ont ralenti la propagation du virus. Après avoir enregistré un pic en septembre, le nombre de cas s’est stabilisé et est géré dans le cadre des capacités existantes et du soutien humanitaire. L’accès limité à une eau salubre, à l’hygiène et à des équipements de protection individuelle et la faible capacité de dépistage au PCR continuent à poser un défi malgré de récentes améliorations.

Avant la pandémie, le système de santé vénézuélien était déjà sous pression. Les progrès importants réalisés l’année dernière pour contrôler des maladies transmissibles comme le paludisme et la rougeole sont menacés dans la mesure où la surveillance épidémiologique et les vaccinations ont été mises à rude épreuve par la COVID-19. Les patients sont exposés à des risques puisque les établissements de santé s’efforcent d’obtenir un approvisionnement en eau et des services d’assainissement adéquats. Dans la mesure où les ressources sont réaffectées à la réponse à la COVID-19, d’autres services essentiels en ont pâti.

Le système éducatif reste égaiement affecté et l’on estime que 850 000 ont abandonné l’école en en 2019 et qu'un nombre similaire est exposé à ce risque. Les fermetures d’école pour atténuer la propagation de la COVID-19 ont affecté 6,8 millions d’étudiants.

La violence, notamment la violence basée sur le genre, a augmenté durant le confinement dans la mesure où certaines personnes se sont trouvées confinées dans des situations de violence domestique. Les enfants et les adolescents ont été particulièrement affectés, confrontés à des risques de protection et à des niveaux élevés de stress et d’anxiété, avec des services limités de soutien à la santé mentale et psychosocial.

Environ 130 000 migrants vénézuéliens sont retournés de pays voisins depuis la mi-mars – la plupart pour avoir perdu leurs moyens de subsistance dans le contexte de la COVID-19. Les retournés doivent être mis en quarantaine dans des abris temporaires du gouvernement et nombre d'entre eux ont besoin d'un soutien dans l'offre d'abris adéquats et de services de base. Un nombre croissant de Vénézuéliens sont passés dans des pays voisins en suivant des routes clandestines depuis l’allègement des mesures de quarantaine dans la région. Les migrants sont confrontés à de graves risques de protection et ont rapporté avoir fait l’objet de chantage et d’extorsions le long de ces routes.

Situation prévue en 2021 et au-delà

La situation humanitaire au Venezuela devrait se poursuivre tout au long de l’année 2021 tant que l’impact de la COVID-19 persistera. Le PIB du pays devrait s’être contracté de 26 % en 2020, suite probablement à l’augmentation de la pauvreté et de la réduction des services essentiels. La sécurité alimentaire et la nutrition devrait rester un problème majeur en raison de la diminution du pouvoir d’achat et des problèmes locaux de production alimentaire.

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Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2019 – 2021)

Le schéma de migrations mixtes se poursuivra probablement avec un plus grand nombre de Vénézuéliens retournant dans le pays et le quittant en 2021. Si les frontières restent fermées, les personnes continueront à emprunter des routes clandestines et à être exposés à des risques de protection comme le risque accru de trafic, de violence et d’exploitation sexuelle, en particulier les femmes et les enfants.

Priorités de la réponse en 2021

Entre janvier et septembre 2020, les partenaires humanitaires ont estimé avoir fourni assistance à 3,7 millions de personnes– mais cela ne signifie pas que tous leurs besoins humanitaires ont été couverts. Ce chiffre inclut quelque 2,4 millions de personnes ayant bénéficié d’un soutien lié à la COVID-19, essentiellement en santé, en WASH, en protection et en éducation.

En 2021, la communauté humanitaire au Venezuela se focalisera sur :

  • La fourniture d’une assistance vitale par des interventions cruciales dans les domaines de la santé, de la nutrition, de la sécurité alimentaire, de la protection et du WASH.
  • L’amélioration du niveau de vie en renforçant les moyens de subsistance, en maintenant un accès sûr et effectif aux produits et services essentiels et en assurant des abris sûrs et dignes aux personnes déplacées.
  • La prévention, l’atténuation et la réponse aux risques de protection, notamment les VBG ; associée à la mobilité et aux abus, à l'exploitation et à la négligence des enfants et des adolescents. La différenciation des besoins par âge, par genre et ceux des communautés autochtones et des personnes handicapées sera prise en considération.

Malgré les accomplissements, certains partenaires - des ONG en particulier – continuent de faire face à des défis comme la politisation de l’aide humanitaire, les pénuries de carburant, les restrictions imposées par la COVID-19 ainsi que les contraintes administratives à l’entrée d’organisations, du personnel et d'approvisionnements. Le plaidoyer a récemment enregistré des progrès dans la prise en compte de certains de ces défis comme l’adoption d’une résolution autorisant les ONG internationales à être enregistrées dans le pays.

Le HRP 2020 du Venezuela a été l’un des plus faiblement financés dans le monde. Il ne sera possible d’avoir une réponse proportionnelle à l’ampleur des besoins qu'avec un financement supplémentaire urgent.

Informations complémentaires

Notes

  1. ECLAC, Enquête économique de l’Amérique latine et des Caraïbes en 2020 : Principaux facteurs conditionnant les politiques fiscales et monétaires après la COVID-19, octobre 2020
  2. Le Réseau d’information sur la sécurité alimentaire Rapport mondial sur les crises alimentaires 2020 a inclus le Venezuela dans les 10 plus graves crises alimentaires dans le monde.
  3. FAO, Rapport sur l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI) 2020. Le gouvernement n’est pas d’accord avec ces conclusions.
  4. Une évaluation des conditions WASH dans 17 hôpitaux, effectuée e par l’OPS/OMS en 2019 a conclu que 88,3 % des hôpitaux évalués présentaient un risque élevé que les conditions d’hygiène et sanitaires ne présentent un risque pour la santé des patients et du personnel ; le reste est exposé à un risque modéré. Les conclusions ont été soutenues par le suivi du cluster WASH interne de 89 établissements de santé.
  5. Données du ministère de l’Éducation.
  6. Estimation du ministère de l’Éducation sur la base de données administratives.
  7. ECLAC, Enquête économique de l’Amérique latine et des Caraïbes en 2020 : Principaux facteurs conditionnant les politiques fiscales et monétaires après la COVID-19, octobre 2020.
  8. Les chiffres pour les personnes dans le besoin, les personnes ciblées et les besoins financiers sont des estimations.